Anticosti compte de nombreux naufrages à son histoire, l’un des plus mythique est nul doute celui du Granicus. L’équipage qui était sur son retour pour Cork fut prit par une grosse tempête d’automne et s’échoua sur la pointe Est d’Anticosti.

L’exposition Granicus s’inspire de l’histoire de ce naufrage, plus précisément de sa dernière victime. Les histoires sont nombreuse et gisent d’excitation, voir d’exagération d’une à l’autre. Ce qui concorde dans tous les récits est qu’un seul homme aurait été retrouvé intact au fond d’une salle avec près de lui, quoi affronter l’inattendu et quelques vivres qui semblaient correspondre aux restes de l’équipage avec qui il avait navigué.

C’est lors d’une résidence à Anticosti en 2017 que j’ai eu la chance d’aller visiter ce lieu. C’est pendant cette visite que je me mis à récolter divers fossiles, une sorte d’attraction magnétique inexpliquée. Dans cette baie magnifique, difficile d’accès, avec quelques vieilles habitations mises à l’épreuve par les tempêtes et le cycle des saisons, ont y retrouve encore des fondations, quelques bâtisses avec certains murs et des reliques que les eaux s’amusent à nous offrir et nous à nous départir.

Quoi qu’il y ait ces traces d’activités à notre époque, en 1828, il en était une tout autre réalité. En fait, un camp de survie avait été créée dans ces lieux depuis quelques années vue les nombreux naufrages, mais le gardien ayant récemment perdu sa femme et voulant quitter les lieux, il eu comme consigne de fermer le campement, laissant un minimum de vives dernière lui. C’est cette même année que le Granicus s’échoua à quelques lieux de là. Après un certain moment, probablement guidés par les enseignes en formes de mains pointés, l’équipage se dirigea vers Fox Bay. Ils s’approprièrent le campement, mais les restants de nourriture laissés ne seraient pas suffisants. Un sentiment de solitude et d’isolement extrême devait se faire ressentir, pour seule sécurité, la clarté d’un ciel si pur que l’on tête à tête avec la voix lactée autant que les nuages nous le permettent. Les mois passèrent et nul ne sait exactement ce qui se passa, mais un bateau des îles de la madeleine retrouva l’équipage, sans vie, au printemps 1829. Certains corps avaient des traces laissant croire que la faim de certains aurait entrainer des comportements des plus atroces entre l’équipage. Un seul corps aurait été retrouvé intact, un homme de grande taille celui de B. Harrington.

Comment une t-elle survie serait possible sans en perdre ses esprits? Est-ce que B. Harrington aurait pu développer une pratique artistique afin de l’aider à garder le cap pendant tout ces mois? C’est dans tous les cas, l’hypothèse proposée.

Le début de la production a commencé avec des artéfacts trouvés à même Baie du Renard sur Anticosti. Des fossiles ont été imprimés pour devenir des gravures ressemblant tantôt aux montages et à d’autres endroits à de certaines radiographies ou cartes thermosensibles. Portraits de paysages ou d’états d’âmes, les œuvres reflètent une recherche sur le paysage, l’isolement et la tentative de survie. La ligne directrice de la production était d’explorer des matériaux qui auraient pu être accessibles à Mr. Harrington : le sel comme tirage de sculpture, les fleurs de bords de mers comme encre, le bois de grève utilisé comme fusain. Ces matières sont combinées afin de faire portrait d’évènements fictifs de ce récit. Vous laissant tantôt croire à l’observation de l’artéfact trouvé sur les lieux, Granicus vous pousse à observer certains éléments domestiques qui ont inspiré des œuvres d’une approche plus actuelle.